Le sectarisme américain infecte Proton

Cette lettre a été rédigée en mi-janvier 2025 en réponse à la récente polémique suscitée par le PDG de Proton, Andy Yen. Elle a été soumise à un journal genevois, qui a finalement choisi d’explorer la question dans un article. C’est pourquoi je la publie ici.

Une polémique autour du parti pris pro-républicain d’Andy Yen, cofondateur et PDG de Proton, a envahi de nombreux forums en ligne¹. L’entreprise genevoise Proton AG, connue grâce à ProtonMail, s’est retrouvée au cœur de la controverse lorsque Yen a demandé à son équipe de communication de relayer ses positions en faveur du Parti républicain, malgré les attaques constantes contre la vie privée et la liberté sur Internet. Un contraste frappant avec la neutralité suisse tant vantée par Proton.

Pourquoi est-ce important ? Parce que même en Suisse, loin de Washington, nous voyons des PDG de la tech chercher à se faire bien voir par la nouvelle administration. De Musk à Zuckerberg, tous cherchent à séduire le pouvoir, alors même que les libertés fondamentales sont menacées par les politiques illibérales qu’un second mandat de Trump entend mettre en place.

Cela concerne aussi la République et canton de Genève, qui a été un soutien de poids pour Proton et reste étroitement liée à l’entreprise via la Fondation Genevoise pour l’Innovation Technologique (FONGIT). En effet, le directeur de la FONGIT, Antonio Gambardella, est également administrateur de Proton AG et de son principal actionnaire, la fondation à but non lucratif Proton Foundation.

La République et canton de Genève s’est toujours positionnée comme un bastion des droits numériques et de la neutralité, et ses institutions ne peuvent fermer les yeux lorsqu’une entreprise qu’elles soutiennent s’éloigne de ces valeurs. Le canton et la FONGIT doivent préciser s’ils cautionnent l’alignement politique récent de Proton ou s’ils réaffirment leur engagement en faveur de l’indépendance et de la protection de la vie privée. Les lecteurs soucieux de cette question devraient interpeller la FONGIT et les autorités genevoises pour exiger davantage de transparence, afin de garantir que le soutien public à l’innovation technologique ne soit pas compromis par des considérations partisanes. Proton AG et l’ensemble de l’écosystème technologique suisse dépendent d’une véritable neutralité et non de manœuvres politiques.